Pourpre revient à La Loge cette semaine, à partir de mardi (rediffusion du texte du 2/6/2012).
Il y a ce soir deux femmes, deux personnages, deux archétypes, deux corps, deux sensations…
Un corps en chairs, rassurant de rondeurs, et un corps femme mais frêle, inquiet. L'un des personnage qui sur-joue, force les codes surannés du burlesque, l’autre qui s’aventure muet aux limites, ob-scène et hors-champs: sa trajectoire tend vers l’asymptote d'un impossible dévoilement.
Il y a la lumière rouge qui enveloppe, aussi les flashs qui aveuglent, blancs.
Apparaissent un corps paré, et un corps nu: avec d’un coté une surcharge d’accessoires qui font diversion –bas noirs et frous-frous, trucs en plumes, caches tétons, portes-jarretelles... -, de l’autre une robe blanche, léger tissu qu’elle relève sur sa nudité crue. On entend sur un tourne disque d'avant The man I love, Blue reefer blues, et maintenant à la guitare des décharges electriques et boucles lancinantes, intemporelles.
Ici le tiède, là le glacé (ou le brulant).
Soit des effeuillages de dentelles qui se dérobent soulignés de clins d’œil coquins, sinon l'obsession d'un regard fixe et impassible, un mouvement lent qui s’ouvre et s’offre sans retour. D’un coté de l’aguichement, de l’autre un déchirement. Soit l'art de la feinte, du simulacre, ou un geste d’’aveu et de défi, dans l'absolu abandon le violence se retourne.
L'objet, et le sujet.
Il y a un corps qui joue au plus fin sur le terrain du regard et du pouvoir masculin, l’autre qui provoque hors des règles, suit son propre désir jusqu'au bout.
... quand le décor tombe, elles se rencontrent.
C’est Pourpre, un spectacle de Christine Armanger, encore ce soir à La Loge.
photos avec l'aimable autorisation de la compagnie Louve